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En prévision d’une grossesse
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Il n’y a aucun délai à respecter entre une vaccination contre la Covid 19 par vaccin à ARNm ou à vecteur viral et le début d’une grossesse.
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Vacciner une femme enceinte
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Les vaccins à ARNm et à vecteur viral contre la Covid 19 étant dépourvus de pouvoir infectant, il n’y a pas lieu de craindre une infection embryo-fœtale par le SARS-Cov 2 lors d’une vaccination en cours de grossesse.
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La vaccination contre la Covid 19 est envisageable en cours de grossesse, quel que soit le vaccin, a fortiori s’il existe des facteurs de risque exposant la femme enceinte à une forme sévère de la maladie.
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Compte tenu des données disponibles, de principe, et dans la mesure du possible, on préférera plutôt :
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utiliser un vaccin à ARNm
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débuter le protocole vaccinal après 10 semaines d’aménorrhée.
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Découverte d’une grossesse après la 1ère vaccination
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Rassurer la patiente quant aux risques embryo-fœtaux des vaccins contre la Covid 19.
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Si une patiente a déjà reçu la 1ere injection d’un vaccin, rien ne s’oppose à l’administration de la 2ème injection, selon le schéma vaccinal recommandé.
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Zika
Virus peu connu jusqu’à la récente épidémie, les premières études ont rapidement fait apparaître la possibilité de malformations cérébrales fœtales notamment à type de microcéphalies.
LE VIRUS
Arbovirus à ARN du genre Flavivirus, il appartient à la même famille que les virus de la dengue et de la fièvre jaune. Détecté pour la 1ère fois en 1947 en Ouganda, responsable de petites épidémies en Afrique, il va se déployer dans les années 70 en Asie puis dans les années 2010 dans le Pacifique pour atteindre le Brésil en 2015 où il sera responsable d’une importante épidémie, pour ensuite se répandre dans les Caraïbes et en Amérique centrale.
TRANSMISSION
1. Vectorielle
Le virus zika est transmis à l’homme par la piqûre d’un moustique du genre Aedes (A.aegypti et A.albopictus) largement réparti dans le monde et dont la période d’activité est surtout diurne.
2. Transmission non vectorielle
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Chez les patients infectés, le virus est retrouvé dans les urines, les larmes, les sécrétions vaginales, le lait maternel. Il se trouve à de fortes concentrations dans le sperme et la transmission par voie sexuelle, surtout dans le sens homme-femme, est une voie non négligeable de contamination.
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La transmission par le lait maternel est exceptionnelle.
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Transmission verticale
De la mère au fœtus, elle est possible tout au long de la grossesse et les conséquences fœtales seront d’autant plus grave que l’infection survient tôt durant la grossesse.
CLINIQUE
Les signes principaux :
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fièvre
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éruption maculo-papuleuse peu visible sur peau noire
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hyperhémie conjonctivale
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autres : arthralgies, céphalées, asthénie, œdèmes, diarrhée…
Mais dans 70% des cas, l’infection est asymptomatique.
Diagnostic clinique différentiel : dengue, chikungunya, paludisme…
Complications chez l’adulte : syndrome de Guillain et Barré, encéphalites
DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
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Diagnostic direct : détection du génome viral par RT-PCR
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sang : dans les 5 premiers jours des symptômes
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urines : dans les 10 jours suivant l’apparition des symptômes
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Diagnostic sérologique : apparition des IgM au 5ème jour et des IgG au 8ème jour
Possibilité de réaction croisée avec la dengue
COMPLICATIONS DURANT LA GROSSESSE
Le virus zika traverse le placenta et peut induire une mort cellulaire des cellules souches cérébrales qui va empêcher un développement cérébral normal.
Les 1ères études brésiliennes ont rapporté une incidence importante de microcéphalies. Les publications ultérieures ont montré :
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un taux de transmission materno-fœtale autour de 10%
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des conséquences malformatives fœtales surtout cérébrales d’autant plus fréquentes que la contamination a eu lieu aux deux 1ers trimestres de la grossesse
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la microcéphalie est la forme la plus avancée de la maladie. Le dépistage échographique pendant la grossesse peut retrouver : calcifications, ventriculomégalies, anomalies de développement du cortex, du corps calleux ou du cervelet, anomalies ophtalmiques
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l’infection peut être évolutive après la naissance
L’OMS a ainsi décrit le syndrome congénital associé à l’infection ZIKV : disproportion crânio-faciale, spasticité, convulsions, irritabilité, troubles de l’alimentation, anomalies oculaires, malformations à l’imagerie.
Résultats d’études :
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USA : 442 grossesses, 6% d’anomalies congénitales
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Guadeloupe : 662 cas, 1,2% de microcéphalies, 2,1% d’anomalies cérébrales
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Martinique : 669 cas, 1% de microcéphalies, 3,1% d’anomalies cérébrales
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Guyane : 1650 cas, 0,24% de microcéphalies, 1% d’anomalies cérébrales
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Méta analyse sur 2941 cas : 2,3% de microcéphalies soit 10 fois plus que dans la population générale.
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Aux Antilles-Guyane : 5,1% de pertes fœtales et 13% en cas d’infection au 1er trimestre chez les patientes symptomatiques.
CAT en cas d’infection à ZIKV durant la grossesse :
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examen clinique général
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recherche des principaux diagnostics différentiels potentiellement graves : dengue, paludisme
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examen obstétrical : recherche de métrorragies, de menace de FCS…
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bilan biologique infectieux
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recherche de virus zika par PCR (dans le sang dans les 5 j et dans les urines dans les 10j à partir des 1ers signes
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sérologie zika et associer une recherche de dengue
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traitement symptomatique : paracétamol si fièvre ou douleur
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information de la patiente des risques
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échographie mensuelle par échographiste référent
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protection contre les moustiques
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à la naissance : PCR cordon et urines, sérologie zika
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suivi pédiatrique adapté
Surveillance des grossesses en cas d’épidémie :
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mise en place de mesures drastiques contre les moustiques
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rapports protégés pendant la grossesse
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surveillance échographique renforcée
PREVENTION
Lutte anti-vectorielle collective et individuelle
Protection individuelle : vêtements longs, répulsifs, moustiquaires
Vaccin en cours de développement
CONCLUSION
Nouvelle maladie infectieuse potentiellement grave pour les fœtus dont l’éventail géographique va s’étendre en raison de la diffusion du moustique vecteur par le réchauffement climatique. Celle-ci possède un neurotropisme dont il nous faut connaitre les signes échographiques.
Les études en cours vont préciser les conséquences fœtales réelles, l’évolutivité possible après la naissance et les facteurs de risques.
BIBLIOGRAPHIE
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- Brasil p et al : N Engl J Med 2016 ;24
- Margaret A et al : JAMA 2017 ;317 :1
- Pomar L et al : Ultrasound Obstet Gynecol 2017 ; 6 ;729-36